Ce dimanche 8 décembre, le Doyen des cadres Ayaou, une réunion aura lieu à Marcory, convoquée par Dr Kowply Boni Philippe, ancien maire de Bouaflé. Il s’agit pour les fils et filles de Bouaflé de se préparer en amont pour les obsèques de leur frère, oncle, ami, l’un des grands cadres que la région n’ait jamais eu, Charles Koffi Diby, décédé d’une anorexie sévère ce 7 décembre 2019 à Abidjan, à 62 ans.
Ce grand amateur de bons cigares avait pourtant rassuré la famille qui le visitait il y a trois mois de cela sur son état inquiétant de santé. « Il avait beaucoup dépéri, nous avions eu peur » confie un proche interrogé par 7info. « « N’ayez pas crainte, le pire est menacé » avait-t-il confié ce jour-là.
Mais, ce samedi 7 décembre, Charles Koffi Diby n’a pu comme il l’aurait voulu, se rendre à Yamoussoukro, participé aux côtés des autres membres du Gouvernement et des présidents d’institution du RHDP, aux commémorations marquant les 26 ans de décès du président Félix Houphouët-Boigny.
Mais, qui est l’homme que la Côte d’Ivoire pleure ? Charles Koffi Diby, fils de Olié Kla et de Diby Mathurin. Après des disputes entre ses père et mère, suivie d’une séparation, le père voulant prendre une seconde épouse, Charles Koffi Diby est élevé par son oncle Olié N’goran, à Aka N’guessankro, à 7 km de bouaflé.
Venu à Abidjan avec sa mère, il est envoyé à bouaké pour sa scolarité où il fit tout son cycle primaire et secondaire. Il fréquente le collège moderne de Koko.
Contrairement à la rumeur qui le présente comme fils unique, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Directeur Général du Trésor le 4 mai 2001 sur appel à candidatures, a une grande-sœur, Martine Diby.
Après les excuses du père, alors qu’il est déjà un grand cadre du pays, Charles Koffi Diby intègre pkapkabo, son village paternel, à 9 km de bouaflé, dans son axe de développement personnel et collectif.
Sans rancune, il s’est occupé des deux villages.
C’est vers 10h ce samedi 7 décembre qu’Aka N’guessankro est informé de la disparition de son fils. Très vite, tous les membres de la famille sont informés, les proches collaborateurs qui se préparaient depuis longtemps à cette échéance ne parvienne pas à retrouver les réflexes. En soirée, Nadège Yéo Guessan, sa collaboratrice ne peut que confirmer le décès qu’avec un « oui » sobre, la douleur la cristallise.
Ce père, deux garçons et une fille aura servi la Côte d’Ivoire à diverses strates après la faculté de Sociologie de l’université de Cocody (Félix Houphouët-Boigny) qu’il a intégré à la suite de son ami du collège moderne Koko (Bouaké), Abdoulaye Koné, ancien Directeur de la Dette publique au Trésor, ancien président du Conseil général d’Odiénné. Les deux hommes sont très liés et s’estiment bien.
En novembre 1984, Charles Koffi Diby est chargé de vérification des postes comptables à l’Inspection générale du Trésor puis, en mars 1985, chef de service visa solde à l’agence comptable centrale des dépenses publiques (ACCDP) et agent-comptable auprès de l’institut national de la jeunesse et des sports (INJS). En 1990, il devient agent-comptable auprès de l’institut national de la formation technique professionnelle (INFTP) ; en 1991, fondé de pouvoir à l’agence comptable centrale des dépenses publiques (ACCDP), et enseignant vacataire à l’École nationale d’administration. En 1993, il est nommé trésorier départemental de Bondoukou et receveur municipal de Bondoukou Nassian. L’année suivante il occupe les mêmes fonctions mais à Daoukro, là où il rencontrer celle qui partagera sa vie, Béatrice. Son épouse est la nièce au président du PDCI-RDA, qui lui inculque le goût du travail de la terre.
De 1997 à 1998, celui qui ne s’imaginait pas un jour, à la tête d’une institution de son pays, devient agent comptable central des dépenses publiques à la Direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, puis payeur général du Trésor en janvier 1998. Le 4 mai 2001, il devient directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, après appel à candidatures.
De 2001 à 2007 Charles Koffi Diby occupe le poste de Président du Conseil d’Administration de la Société Nouvelle Air Ivoire. Du 17 janvier 2008 au 31 décembre 2009, président du conseil des ministres de l’UEMOA, de juin 2009 à novembre 2012, président du conseil des gouverneurs de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), de 2012 à 2013, Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO. Il a aussi été président du conseil des gouverneurs du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE).
Carrière ministérielle et politique riche
Charles Koffi Diby a été ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé de l’Économie et des Finances, dans le gouvernement de Charles Konan Banny de 2005 à 2007, puis ministre de plein exercice dans les gouvernements Soro I, II, III,IV. Le 13 mars 2012, il est reconduit comme ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement de Me Kouadio-Ahoussou Jeannot. Ministre des Affaires Étrangères à partir du 21 novembre 2012, il est encore présent dans le gouvernement Kablan Duncan IV.
Membre du Grand Conseil du Parti démocratique de Côte d’Ivoire. Il est élu avec l’étiquette PDCI lors des élections législatives de 2011, dans la sous-préfecture de Bouaflé, puis Président du Conseil régional de la Marahoué pour un mandat de 2013 à 2018.
Le 16 juin 2016, avec la confiance et la bénédiction du Président de la République, le fils de Bouaflé prend les rênes du Conseil économique, social, environnemental et culturel. Sous son impulsion, cette institution dont les ivoiriens ignorent beaucoup de choses, et jugée de budgétivore sans résultat concret pour la population, change de visage. Le CESEC prend toute sa place dans le concert des institutions de la République. Charles Koffi Diby hisse haut le drapeau ivoirien au sein de l’AICESIS et est désigné membre du Joint Committee of remuneration, à Washington DC.
A Curaçao le 7 mars 2019, lors du Conseil d’administration de l’Association Internationale des Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires (AICESIS), Charles Koffi Diby est élu Président de l’Association mondiale des Assemblées consultatives, pour la mandature 2019-2021.
Le CESEC mène des travaux et propose des avis au Gouvernement sur les nouveaux codes de la Famille, le foncier et des sujets d’importance pour le pays. Le CESEC sous Diby ne reste pas muet.
Loin des bureaux du CESEC, Charles Koffi Diby en Baoulé courageux, adore la terre. Il a ainsi des hectares d’hévéa, des plantations de cacao, d’anacarde, des champs d’igname, de riz, et pratiquait l’élevage à Tibéta, un village de la région de la Marahoué sur l’axe Bouaflé-Zuénoula et serait propriétaire d’une usine de fabrication de plastique.
Pour l’heure, les concertations vont débuter au village, en symbiose avec le Gouvernement pour offrir à ce grand commis de l’Etat, les obsèques qu’il mérite.
Adam’s Régis SOUAGA
7info