Issiaka Ouattara, né en 1967 à Bouna et décédé le 06 janvier 2020 aux États-Unis, est un lieutenant-colonel ivoirien et ancien seigneur de guerre des Forces nouvelles ayant été un des acteurs majeurs de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011. Ainsi peut se résumer la vie de celui que les ivoiriens découvrent plus pendant la rébellion de septembre 2002 comme le chef de la brigade « anaconda », le « saha bélé bélé » (gros serpent).
Fils d’adjamé, vivant avec son oncle, Officier des ex-FANCI, avec lequel il a une forte ressemblance, Issiaka Ouattara intègre l’armée en son détachement Sport où il s’adonne au taekwondo. C’est là qu’il acquiert le surnom de Wattao.
Après avoir participé à plusieurs mutineries, il fuit au Burkina Faso en 2000 après le coup du cheval blanc. Torturé dans les geôles de la prison, il a une jambe cassée pour le forcer à parler. Son acolyte et frère d’arme Chérif Ousmane, lui, bénéficie des services d’une tenaille pour se faire arracher une dent.
Fofié Kouakou Martin n’oubliera jamais, la cellule 110 de la MACA. C’est ce souvenir qui lui fera prendre le nom de Fansara (arc-en-ciel) 110 alors qu’il prend en mains la sécurité de la ville de Korhogo. On est à la fin de septembre 2002, korhogo est sous commandement de l’adjudant-chef, Koné Messamba et de Ousmane Coulibaly plus connu sous le surnom de Ben Laden pour sa barbe hirsute.
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De Wattao, on ne sait rien entre temps jusqu’à son arrivée à Bouaké. Il était resté caché à Abidjan en compagnie du Sergent-chef Adama Coulibaly alias Adam’s qui partira mener bataille à l’ouest contre les FDS.
A son arrivée, amaigri après avoir longtemps marché entre Abidjan et bouaké, s’être caché dans un village de Yamoussoukro avant de rejoindre ses camarades, il s’installe à la gendarmerie nationale, à Nimbo. Très vite, ses bons petits descendent d’Abidjan pour le rejoindre. Ce sont Bob Lass, Souarey, Yougou yaga et surtout ses bonnes petites guerrières. Avec son 1m90, il fait sensation.
Avec la militarisation des Forces Nouvelles, il est nommé chef d’état-major adjoint du Général Soumaïla Bakayoko, chargé de la sécurité de Bouaké. Plus tard, en 2007, il succède à Koné Zakaria à Séguéla. Il va connaître des déboires avec l’exploitation aurifère. Un rapport onusien le met en joue.
De la zone 2 de Séguéla, Wattao va conduire en mars 2011, les combats pour la chute de Daloa et fonce sur San Pedro. De là, il rejoint Abidjan où il prend part aux combats contre le dernier carré de mercenaires libériens, miliciens et les soldats fidèles à Laurent Gbagbo.
D’ailleurs, lorsque le Cdt Hervé Touré réussit à prendre en mains l’ex-Chef d’Etat, sorti du bunker de la résidence présidentielle de Cocody, c’est lui qui aide Laurent Gbagbo à enfiler une chemise hawaïenne. L’homme avait un cœur d’amadou.
D’ailleurs, alors que Laurent Gbagbo se rend compte qu’ « on gagne ou on gagne » ne passera pas au 1er tour de la présidentielle d’octobre 2010 et qu’il traîne les pieds pour le second tour, avec moins du milliard FCFA remis à Affi N’guessan pour mener la campagne, c’est Wattao qui monte au créneau.
Il aura réussi à convaincre Laurent Gbagbo que tout n’était pas joué et fustige ses proches qui ont détourné les fonds de la campagne au 1er tour.
C’est aussi dans la chambre de ce bon vivant que dormira pour la première fois, derrière le rideau de fer, Charles Blé Goudé, lors de la cérémonie de la flamme de la paix, au stade de Bouaké. Avec sa cohorte de véhicules, Wattao était adulé des soldats à qui il donnait de l’argent. Fin tacticien, il réussit à gagner la sympathie et percer le dispositif de l’ennemi.
Depuis la fin de la crise postélectorale de 2011, il a eu un accès « prioritaire » au Chef de l’Etat après sa nomination au poste de commandant de la Garde Républicaine, en créant un service de stratégie et de documentation, qui lui permet de tenir informé Alassane Ouattara sur des informations bloquées dans d’autres services.
Adulé des artistes chanteurs, ils sont nombreux ces jeunes animatrices télé et chanteuses à avoir bénéficié des largesses de cet bel homme. Quand survenaient des brouilles entre les groupes de soutien aux Forces Nouvelles, c’est dans sa chambre que les dissensions étaient réglées.
C’est ce soldat, qui savait se faire discret quand il le fallait, négociateur de paix entre Soro et Ouattara, père de famille qui savait reconnaître les siens, qui est parti dans le ventre de la nuit.
Il rejoint ses boys, Bob Lass et Yougou Yaga, et ses combattants, tombés avant lui. Le « saha bélé bélé » n’aura pas remporté la victoire face à ce diabète pernicieux qui a eu raison de lui. Doropo attend son fils pour lui rendre un hommage à l’image de l’ensemble du pays. « Actuellement, c’est le deuil. Les gens défilent à la cour familiale, non loin de la grande mosquée de Doropo pour saluer la famille. Quand il arrivait ici, on allait le voir, on échangeait. On entend prendre toute notre part dans l’organisation des obsèques mais pour l’heure, on n’a aucune idée des dispositions » a fait savoir à 7info Sidibé Madou, un jeune de Doropo.
Le Chef de l’Etat a rendu un vibrant hommage à cet officier de valeur, qui est retourné en formation au Maroc, à l’Académie royale de guerre.
Adam’s Régis SOUAGA
7info.ci