Société

Zouan-Hounien : des gendarmes et des jeunes s’affrontent dans un village, des maisons incendiées 

Mis à jour le 9 juillet 2024
Publié le 09/07/2024 à 3:28 , , ,

La journée du samedi 6 juillet 2024 a été mouvementée dans le département de Zouan-Hounien à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Des échauffourées ont a opposé des gendarmes à des jeunes d’un village de cette localité, apprend 7info.

 

Des maisons incendiées et un lieu de commerce parti en fumée ici. Là, des portes d’habitations défoncées et un engin à deux roues endommagé.

Le dimanche 7 juillet 2024, c’est avec ce constat que les habitants de Gnakanzou dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire se sont réveillés, comme présentés dans des images reçues.

La veille, samedi 6 juillet après-midi, le quartier Kan-Houyé de ce village de la sous-préfecture de Banneu dans le département de Zouan-Hounien, région du Tonkpi, a été le théâtre d’affrontements.

Des rixes ont opposé des jeunes à des éléments des forces de l’ordre. À l’origine, une saisie de sacs de cacao.

Selon des habitants, il s’agit des éléments de la gendarmerie nationale appartenant au Groupement spécial de lutte contre l’exportation illicite de produits agricoles (GS – LEIPA).

 » Les faits se sont passés à un peu plus d’un kilomètre sur une piste qui mène dans des champs du quartier Kan-Houyé. Des gendarmes ont saisi des sacs de cacao. Des jeunes de ce quartier n’ont pas apprécié cela car il s’agissait de cacao qu’ils transportaient du champ au village. Ils se sont opposés à l’action des gendarmes », raconte un habitant, joint au téléphone.

« Un des gendarmes a tiré, et le coup de feu a atteint un jeune à la cuisse. L’auteur du coup de feu a pris la fuite. Son collègue a été rattrapé par les jeunes qui l’ont frappé. Il serait sérieusement blessé », poursuit la source.

« J’ai été réveillé par les coups de feu. C’était vraiment effrayant. Plus tard, j’ai appris qu’il a eu une saisie de cacao par des gendarmes et que des jeunes s’y sont opposés. Un gendarme a tiré dans la jambe d’un jeune. Les autres jeunes mécontents de la blessure de leur ami, ont frappé un gendarme », raconte un autre habitant, lui aussi joint au téléphone.

Dans ces affrontements, un gendarme a perdu son arme, indiquent différentes sources.

Alertées, les forces de l’ordre n’ont pas tardé à réagir. Peu avant la tombée de la nuit, une descente a eu lieu dans le village, raconte une note de la mutuelle développement de ce village.

 » Plusieurs cargos de gendarmes ont été déployés dans notre village. S’en sont suivies des courses poursuites avec les populations. Les plus chanceux se sont réfugiés en brousse. Plusieurs jeunes rattrapés ont été bastonnés. Sous le prétexte que l’arme de dotation des gendarmes a été emportée, ils ont contraint nos parents à la retrouver et ont incendié des commerces et des habitations comme moyens de pression. Les portes de plusieurs maisons ont été brisées et des motos cassées », raconte une note de la mutuelle de développement de Gnakanzou dont nous nous sommes procuré copie.

Cette autre source indique que le  » siège  » a duré jusqu’à 2 h du matin.

« Ils ont retrouvé l’arme sur le lieu des faits aux environs de 2 h du matin. C’est après la remise de l’arme que les gendarmes ont levé le siège de notre village », soutient la note.

Au niveau de la gendarmerie territoriale, une autre version est donnée.

« Ce sont des gendarmes de LEIPA qui dans le cadre de leur mission, ont interpellé des jeunes à moto avec des sacs de cacao. Les produits ont été saisis mais ces jeunes ont refusé de se soumettre. Ils se sont opposés à l’action des gendarmes. Ils ont lutté avec les gendarmes et pris l’arme de l’un des éléments. C’est dans cette lutte qu’un coup de feu a atteint un jeune », raconte à 7info, une source au niveau de la gendarmerie territoriale.

Que s’est-il réellement passé dans ce village ? Pour l’heure, aucune réaction officielle de la gendarmerie nationale sur ce qui s’est passé dans ce village n’est faite.

À Gnakanzou, parlant de cet événement, les habitants n’hésitent pas à évoquer des exactions commises par ce groupement spécial de la maréchaussée.

Leur village, disent-ils, est situé à plus de dix kilomètres du point frontalier le plus proche du Libéria voisin.

Ils s’interrogent donc sur la raison de la présence de cette force sur les pistes qui mènent dans leurs champs.

Aux dernières nouvelles, la mutuelle de développement de ce village aurait saisi un commissaire de justice pour constater les bien détruits à l’effet de donner une suite judiciaire à ce qui s’est passé dans ce village.

Le GS – LEIPA est une unité spéciale créée au sein de la gendarmerie nationale par le gouvernement ivoirien. Elle est déployée essentiellement dans l’ouest du pays.

Cette unité a pour rôle d’empêcher la sortie frauduleuse du café et du cacao du territoire national.

Richard Yasseu 

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